Avis - Un air de famille

La Rédaction - 15 mars 2006 à 00:31
 Michel EYCHENNE - 11 avril 2011 à 00:45
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https://www.linternaute.com/cinema/tous-les-films/2205348-un-air-de-famille/

Thomas Chabassier
15 mars 2006 à 00:31
Un air de famille : la polysémie du titre invite le spectateur à la prudence : ce n'est pas une simple (simpliste) comédie. L'air c'est l'apparence, une manière d'être au dessus de son état : cette famille ne ressemble que vaguement, de loin à une famille. L'air de famille, c'est aussi le fluide gazeux qui forme l'atmosphère : l'air, l'atmosphère qui se dégage de cette famille (plutôt nauséabond). L'air de famille, c'est également la mélodie vocale, cet air qu'on a pour habitude de fredonner : ici, le titre inscrit la situation présentée dans une habitude, une régularité (comme un refrain) : d'où l'anniversaire (et sa chanson, symbole des liens entre les membres), cérémonie que l'on répète chaque année et qui chaque année semble se dérouler dans la même atmosphère morose. Enfin, l'air c'est aussi l'homophonie : l'aire de famille, le "père tranquille", ce lieu où les réunions se font et où l'alchimie entre les membres n'opère pas ou mal. Nous sommes donc invités à un simulacre, une parodie de cérémonie familiale où tous les codes sont respectés (les cadeaux, l'air musical, le gâteau, les vœux, la réunion) mais où l'essentiel est bafoué. Le code, la convention ne sont qu'une façade, une apparence donnant un "air" à cette famille. Par exemple : il y a bien un gâteau mais minuscule. Si les codes sont respectés, l'esprit qui règne dénonce la parodie de la scène. Les codes sont respectés pour être mieux bafoués, détournés de leur origine : une réunion célébrant symboliquement l'attachement. Ici, cette thématique du lien est moquée : elle se réduit à une laisse qu'un mari offre à sa femme, symbolisant ainsi un lien qui, à défaut de se manifester par les voies immatérielles que sont les liens entre les êtres, doit être rappelé par ce défaut d'être spirituel : le matériel de la laisse. La laisse, bien que destinée à un chien, est un excellent moyen de signifier la relation mari/femme présentée ici : la soumission, la fidélité et la domestication qu'entraîne le mariage. Le chien, animal apprivoisé mais paralysé est l'idéal d'éducation mis en avant par la mère et dont le fils cadet s'inspire. Evidemment, l'homme ne peut se satisfaire d'une telle éducation, d'où l'atmosphère d'hétérogénéité entre les êtres, éduqués selon une mauvaise méthode: régulièrement, le refrain, l'air de Dalila "Come prima" vient ponctuer une scène, accompagné des images du passé: d'abord idyllique, la famille devient sauvage suite à des tentatives de domestication (les fessées du père). Finalement, le seul être capable de faire croire à un véritable échange de lien est le chien, obéissant, silencieux, immobile, mort. Les liens qui auraient pu se créer entre les êtres ont été anéantis par la figure autoritaire d'un père qui a voulu élever ses enfants comme des animaux. Le père est mort, les chances de s'entendre avec. Enfin, il n'y a pas d'esprit communautaire entre les membres. Ceux-là vivent dans leur bulle, leur aquarium (il y en a deux dans la pièce). Chacun cherche à s'enfermer et ainsi s'éloigner des autres. Ainsi, Philippe passe à la télé ou s'enferme dans une cabine téléphonique. Comme un poisson dans son aquarium, il veut se créer un espace vital loin de cet univers factice de la convention. Le personnage de Daroussin s'éloigne de cette famille par les livres, la musique et l'humour, trois moyens de prendre de la distance. Le personnage de Jaoui s'éloigne du rôle qu'on a voulu lui imposer, celui de la jeune fille : elle est très masculine et sauvage (échec de la domestication). Les multiples plans de Klapish plaçant les personnages à travers l'aquarium ou un verre appuie cette idée selon laquelle ces personnages ne sont que des individus sans autre point commun avec ce groupe que le nom de famille. Ils sont seuls dans leur coin. Pas un seul ne supporte l'autre. C'est le chaos. Cette famille est éclatée en petites bulles s'entrechoquant violemment. Le « père tranquille » est comme un cimetière, une tombe que l'on vient restaurer (restaurant), entretenir chaque année. Le père tranquille, c’est le père décédé, au repos pour l’éternité. L'anniversaire de Yolande est en fait l'anniversaire d'une mort, celle d'un père et d'une famille. Les cadeaux sont des souvenirs grinçants de l'héritage paternel. Seuls ceux qui sont en dehors de cette sphère morbide peuvent espérer se sortir du pétrin : Daroussin emmène Jaoui en harley, moto symbolisant l'évasion, les highroads dans les déserts américains; C'est en sortant du restaurant que Bacri touche sa femme, etc. ce sont d'ailleurs les êtres les plus désirés qui sont absents: la mère ne cesse de rappeler le souvenir du père, Bacri espere le retour de sa femme. Ce sont ceux qui ne respectent pas le codes qui semblent s'en sortir le mieux: Jaoui en femme se trouve un homme et parvient à s'évader (elle n'avait pas de cadeau pour Yolande-Catherine Frot), Bacri assiste de très loin à l'anniversaire. La femme de son personnage refuse d’assister à l’anniversaire, etc. Ce restaurant où l’on restaure les gens n’est que le lieu de la détérioration de la famille. La famille, chaque année se désagrège, se détruit, se meurt car elle ne sait se restaurer, changer ses habitudes. Klapish met en garde contre la trop grande autorité des conventions et de la tradition (d’une éducation qui refuse la remise en question) qui envahissent le territoire du lien communautaire pour finalement le remplacer totalement. Klapish par le procédé de la catharsis, purge les passions du spectateur et le met en garde contre l’absence de remise en question. La fin du film : Bacri décide de restaurer son restaurant. Il veut le changer , le redorer, en changer l’âme. Le personnage de Bacri accepte d’évoluer. Celui de Jaoui se résout à être femme. L’autre camp, c’est celui de la réaction (la mère), de la méthode de la domestication (Philippe sur Yolande). D’un côté résident ceux qui s’enferment dans une bulle du non-changement. De l’autre ceux qui prennent des risques, se refusant à être relégués au rang d’animaux et ainsi reprenant leur destin en main. Enfin, cet air de famille, c’est aussi un air de ressemblance, un air de déjà-vu, un avertissement au spectateur mais aussi au membre d’un corps familial. Ce film a donc une double fonction : sociale et cinématographique (chacune se mettant au service de l’autre).
VALERIE LOTH
26 juin 2010 à 10:42
Alain CADENEL
24 oct. 2007 à 16:15
J'adore bacri
magali giraud
24 oct. 2007 à 16:15
Quand on vient d'en rire il faudrait en pleurer!
Catherine Leduc Aumasson
24 oct. 2007 à 16:15
De Klapisch
ANNIE RICHARD- RANC
24 oct. 2007 à 16:15
Caustique
florent stref
24 oct. 2007 à 16:15
Bacri ....est mon acteur préféré, alors ça s'arrête là....
christophe faure
24 oct. 2007 à 16:15
Un huis clos avec le duo Bacri jaoui
cécile BARRE
28 juin 2010 à 22:03
Angélina Salmon
11 juin 2010 à 11:56
Pascal Grivel-Delillaz
24 oct. 2007 à 16:15
Tout le monde en prend pour son grade!
brigitte botella
24 oct. 2007 à 16:15
Tellement drôle et tellement vrai !!! les acteurs sont formidables, j'adore !!!
CHRISTIANE QUINQUENEL
22 nov. 2010 à 18:51
Virginie SANGORIAN
24 oct. 2007 à 16:15
Drôle il y a dix ans, doux-amer voire amer-amer aujourd'hui. Comme quoi, on mûrit...
Guénhaël NEVOU
24 oct. 2007 à 16:15
un film plein de subtilité ...
Astrid Lerouxel
24 oct. 2007 à 16:15
Une comédie aigre-douce, signée Cédric Klapish , avec de beaux portraits au vitriol...
julien bachelerie
24 oct. 2007 à 16:15
Des acteurs géniaux,des dialogues qui font mouche. Un air de famille ou comment laver son linge sale en famille.
Vincent KLOSEK
24 oct. 2007 à 16:15
"C'est pour les enfants que c'est terrible. Heureusement qu'ils n'en ont pas."
Helene DOMERGUE
24 oct. 2007 à 16:15
Ca fait longtemps qu'on n'a pas entendu une telle qualité de dialogues...
Sylvie Teneur
24 oct. 2007 à 16:15
"le film" Ann et Vincent ne diront pas le contraire
stephane truxler
24 oct. 2007 à 16:15
Tranche de vie à la sauce aigre-douce. 20/20 à tous les acteurs et actrices.
Gaëtane Donnart
24 oct. 2007 à 16:15
et les films de Klapisch en général :)..
Sylvain CARPENTIER
24 oct. 2007 à 16:15
Un collier ? Mais c'est beaucoup trop luxueux pour un chien !!!!! NON ! C'est pour toi !!! c'est pas pour le chien, c'est pour toi !!!!!!!!
Régine Malnati
24 oct. 2007 à 16:15
c'est tellement juste, on se croirait à la maison
Frédéric CAMUS
24 oct. 2007 à 16:15
De Cédric Klapish avec JP Bacri, Agnès Jaoui, JP Darroussin, Catherine Frot... 3 César...génial!! rien à dire de plus
christele moussiere
24 oct. 2007 à 16:15
bacri et jaoui couple mythique
Laurent PIQUEPAILLE
24 oct. 2007 à 16:15
Huit clos avec le carré magique Bacri-Jaoui-Darroussin-Frot
olivier colpart
24 oct. 2007 à 16:15
le meilleur film avec le duo bacri-jaoui sans oublier catherine frot et les autres, tous excellents. Une comédie française savoureuse.
Tristan Daniel Tran
24 oct. 2007 à 16:15
À voir pour tous ceux qui ont été, comme moi, vaches ou méprisants envers des "têtes de turcs". Ça fait réfléchir. C'est un film génial (ou une pièce géniale).
vous savez qu'il nous a fait Kévin?...Une otite!!
Adeline CHAGUE
24 oct. 2007 à 16:15
Comme beaucoup de films Bacri/Jaoui
Michel EYCHENNE
11 avril 2011 à 00:45
audrey THIERY
24 oct. 2007 à 16:15
le meilleur du tandem Bacri/Jaoui
renaud tisseyre
24 oct. 2007 à 16:15
super