Avis - Tony Takitani

La Rédaction - 6 févr. 2006 à 01:59
 La Rédaction - 6 févr. 2006 à 01:59
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Caroline Chirk
6 févr. 2006 à 01:59
L’originalité du film réside dans sa narration. Une voix off narre le film comme on lit un roman et les personnages prennent régulièrement le relais pour préciser un commentaire du narrateur soit en leur nom, soit fait plus extraordinaire, au nom de leur interlocuteur. Dans ce film, tout est réduit au strict minimum mais c’est justement ces économies de décors, de dialogues et de casting qui rendent l’œuvre si intéressante. L’épuration du «superflu» rend tout à fait compte de l’étroitesse de l’univers de Tony Takitani ou du moins de sa manière de concevoir le monde. Pour être comblée, sa solitude n’a besoin que d’une personne qui vient plus illuminer son univers que l’étoffer. Auprès de sa femme, des décors apparaissent et Tony perçoit sans pouvoir se l’expliquer, ces changements dans son monde (notamment dans la perception qu’il a de la musique de son père). Lorsqu’elle disparaît, elle le fait complètement en emportant tout avec elle, lumière, décors et ombre. Il ne reste plus rien pas même un souvenir, juste une pièce vide et la photo partiellement brûlée d’une femme qui aurait pu remplacer la défunte. Un film simple qui a bien mérité ses récompenses (en 2004, Prix du Jury au Festival de Locarno et Prix Fipresci) Ce qui ne m'a pas plu : ATTENTION CE COMMENTAIRE COMPORTE UNE DESCRIPTION DE LA FIN DU FILM. Le film aurait pu se finir plus tôt. La dernière scène est le plus gros écart qui est fait par rapport à la nouvelle de Haruki Murakami où ladite scène n’existe pas. Alors que le livre finit sur la description de la pièce vide, le film se poursuit avec Tony qui retrouve les coordonnées de la jeune femme qui ressemblait tant à sa femme. Cette dernière manque l’appel et le générique de fin démarre. Le metteur en scène à sans doute voulu rendre un peu d’humanité au personnage de Tony mais ce faisant il a enlevé au spectateur le droit d’imaginer l’avenir de Tony. Peut-être qu’effectivement comme en témoigne la dernière scène, nul ne peut vivre comme une île mais ce n’était pas au metteur en scène d’en décider et Murakami en finissant sa nouvelle sur la description de la pièce vide, l’avait bien compris.