Avis - Un homme qui crie

La Rédaction - 18 oct. 2010 à 23:15
 Marie France Izoulet - 7 nov. 2010 à 10:44
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Marie France Izoulet
7 nov. 2010 à 10:44
Le bleu intense d’une piscine envahit l’écran ; deux hommes, un jeune et un ancien, confrontent leur force dans un jeu d’apnée. C’est adam, le père, maître-nageur d’un grand hôtel de luxe et abdel (abel, clin d’œil à l’histoire biblique) le fils ; moment heureux. Cette image sereine va se craqueler au cours du récit. Le destin d’Adam va chavirer. On est au Tchad, situation économique fragile, à la merci d’investisseurs asiatiques, guerres intestines, pouvoir corrompu et autoritaire. Adam, trop vieux, sera dépossédé de son poste au profit de son fils, plus beau, plus athlétique, rétrogradé à un poste de gardien d’entrée, il en ressent humiliation, son statut social s’est brisé ; il est anéanti, l’amertume le gagne voyant son fils à sa place. La guerre s’installe et le gouvernement réquisitionne soit en monnaie trébuchante soit en force vive. Alors Adam laissera son fils aux mains de l’armée officielle ainsi la place de maître-nageur redeviendra libre. Il a sacrifié son fils n’acceptant pas sa déchéance sociale, mais cet acte irréparable sera source de remords. Aura-t-il la force morale de réagir pour réparer l’irréparable ? Quels événements lui feront prendre conscience de son erreur ? Peut-être la venue d’un enfant ou bien la prise de conscience de sa lâcheté ou de son incrédulité. Sa rédemption viendra-t-elle du sacrifice de son fils ? C’est un film au rythme lent comme pour exprimer le long cheminement mental d’Adam, la caméra explore les pensées bouleversées d’Adam. De forts moments de tendresse et d’affection fixés par un objectif qui s’attarde sur : l’échange sensuel de pastèque entre aAam et sa femme, va et vient de caméra sur les visages ; le bavardage sur le banc avec le vieux cuisinier lui aussi rejeté par le nouvel employeur, plan serré sur les deux personnages pour en marquer l’intimité et la complicité ; la visite à l’hôpital, des moments fraternels que l’on ressent. Des moments de souffrance, d’inquiétude, d’abattement et de remords capturés par la caméra : Adam traînant le pied pour lever la barrière, étourdi par le bruit des klaxons impatients, « la piscine c’était sa vie, pas la barrière » et cette séquence plan, dans la chambre, qui n’en finit plus, Adam replié sur lui-même, derrière les carreaux, spectateur passif de l’enrôlement de son fils. Des moments où tout ce qui avait été construit s’écroule, parce qu’on est faible, démuni, écrasé par un destin qu’on ne maîtrise pas, et puis l’homme se réveille, sursaut de dignité, se révolte même, comment a-t-il pu être abusé par tant de vanité, couard il le fut de n’avoir pas voulu s’opposer à l’évidence ? Alors, le spectateur est entraîné sur les longues pistes africaines, course folle pour sauver ce qui pourrait l’être : son fils. Mais n’est-ce pas trop tard ? Ce qui ne m'a pas plu : Rien.
Jean-Laurent ASSAFI
18 oct. 2010 à 23:15
Thierry AUBEL
5 oct. 2010 à 22:25
Ce n'est pas un film sur la guerre, mais sur ceux qui la subissent et qui ont le sentiment que leur destin leur échappe ...