Avis - Le Temps de quelques jours

La Rédaction - 25 nov. 2012 à 11:06
 Anonyme - 9 oct. 2014 à 20:40
Cette discussion concerne un article du site. Pour la consulter dans son contexte d'origine, cliquez sur le lien ci-dessous.

https://www.linternaute.com/cinema/tous-les-films/2020511-le-temps-de-quelques-jours/

Un opportuniste aurait appelé ce film « Des femmes et un Dieu. » Mais si Nicolas Gayraud a le don éclatant de l?image, il n?a pas la bosse du commerce. Cet ancien projectionniste a donc réalisé « Le temps de quelques jours » sans un sou. Pour la première fois, une caméra pénétrait dans l?abbaye de Bonneval (Aveyron), où vivent une trentaine de s?urs cisterciennes appartenant à l?Ordre de la Stricte Observance. Agées de 26 à 96 ans, elles portent une tunique blanche, un scapulaire noir et un voile bleu clair. Un homme, un seul, les relie au monde extérieur, c?est Xavier, qui les aide à fabriquer le chocolat dont la vente assure leur existence quotidienne. Elles rient beaucoup, d?un rire de récréation, d?un rire d?avant la civilisation. Ex-ingénieur en photo numérique, s?ur Anne-Claire dit qu?en entrant au couvent, ses parents ont cru « la perdre. » Venue de l?Est, s?ur Aleksandra aimait le théâtre et le cinéma, mais elle cherchait « plus de sens », elle l?a trouvé à Bonneval, où elle confesse l?angoisse qu?il y a aussi à vivre dans le silence. S?ur Claire, 84 ans, déambule dans le cloître et s?émerveille d?un escargot, qu?elle mangerait bien farci, « avec une pointe d?ail. » Michèle, la mère abbesse, tient son choix de la vie monastique pour « un acte contestataire » et ajoute : « Il y a une joie profonde à se savoir pauvre. » Pauvre comme ce film contemplatif, d?une poignante beauté, qui accompagne les s?urs, mais s?interdit de les déranger à l?instant de la prière. Ici, pas de laudes, de vêpres ou de complies, mais des promenades silencieuses dans des champs édéniques, rythmées par la phrase magnifique d?André Breton : « J?ai cessé de me désirer ailleurs. » On voudrait que tout le monde puisse voir ce film (disponible pour 20 euros à laverderie@yahoo.fr.) qui rappelle ceux, humbles et profonds, de Cavalier et Depardon. Les distributeurs et les gens de télé, pauvres cons, n?ont même pas daigné le visionner. Mais il restera quand ils auront disparu. Jérôme Garcin Nouvel Obs