Avis - Election 2

la suite de l'avant dernier chef d'oeuvre de maitre to

Rarement vu au cinéma une montée en puissance pareil dans l'histoire. Un film flirtant avec Melville, Coppola et ... Johnnie To (!).

pour le film asiatique.

Johnnie To meilleur real asiat de polar

Le diptyque Election1-2 est excellent mais le 2 est meilleur que le premier. Des films injustements méconnus de Johnny To, et certainement parmis ses tout meilleurs !

Election 2 faisant suite à Election 1 est un film intelligent dont le propos va bien au-delà du thriller policier car avant tout il propose une réflexion sur le pouvoir et tout ce qui en découle, en particulier la violence mais aussi la dépendance qu'il entraîne. Le moment où se déroule l'action est particulièrement intéressant parce qu'il s'agit de Hong Kong au moment de sa rétrocession à la Chine continentale. Nous voilà dans un monde qui change d'échelle. Les triades, groupes de mafieux qui existent depuis le XVII ième siécle fonctionnent- si l'on peut dire- comme une démocratie avec élection tous les deux ans du chef de bande lequel doit faire allégeance aux anciens et se faire remettre le sceptre symbole de son pouvoir. Les autres voyous doivent s'incliner devant la désignation d'un chef. Cela permet d'assurer un certain ordre dans la cité, ce à quoi tiennent les autorités légales, policières ou politiques. Or depuis quelque temps rien ne va plus dans la triade, ce que déplorent les anciens. Dans Election 1, Big De stupide et caractériel n'a pas respecté l'election "légale" de Lok et -sacrilège- a volé le sceptre. D'autre part, Jimmy jeune et brillant homme d'affaires élevé par la triade ne désire pas succéder à Lok. Il veut rentrer dans la légalité et commercer avec l'intéressant marché du nord qui s'ouvre à lui. Mais ne sort pas de la triade qui veut. Même si Jimmy a enterré la tradition en placant le sceptre dans le cercueil d'un ancien, en buvant du vin dans les bars chics, tout l'oblige à rester chef de bande pour la contrôler et rendre des comptes au pouvoir... légal celui-là. Au cours d'une scène superbe qui se situe sur la frontière, on lui propose un marché juteux, bien au-delà de Hong Kong là bas vers le nord où la Chine du XXI ième siècle est en marche. Jimmy est bien l'incarnation d'un monde qui a changé mais il restera un voyou contrôlé même si sa fortune est immense, sa femme superbe et sa maison de rêve en train de se construire. Même si, pour en arriver là, il a du se livrer à des actes de barbarie qui dépassent tout se qu'on peut imaginer. Il a le pouvoir mais il en est à jamais prisonnier. Ce qui ne m'a pas plu : Une scène de violence presqu'insoutenable. Et pourtant, contrairement à beaucoup de films de ce genre, elle n'est pas gratuite. Elle tend à moraliser le propos en montrant que ce monde là n'est vraiment pas fréquentable même s'il permet aux plus forts pouvoir et richesses. Cette horreur sert le film.