Avis - La Jarre

Film militant dont le récit porteur de symboles gravite autour de l'objet : la jarre, élément unificateur mais révélateur des failles de cette société. Unité de temps, de lieu et d'action régit le discours cinématographique; deux lieux : l'école, microscome d'une société en construction, lieu d'apprentissage du vivre ensemble, chacun ayant sa place sans empiéter sur celle de l'autre, le rappel de la loi se fait par le biais du maître; on apprend un langage commun, on apprend le partage, la solidarité.le village, perdu, isolé de la capitale, loin du gouvernement, qui vit pour survivre mais qui sans se l'avouer, croit aux valeurs de l'éducation, il envoie ses enfants à l'école. Mais cette cruche se fêle, (l'eau fuit,il faut colmater) cette déchirure est l'expression de la fragilité de la société qui doit sans cesse faire preuve de vigilance pour que mesquinerie, égoïsme, médisance, rancoeur, individualisme et xénophobie ne ressurgissent. Comment face à cette épreuve, le village va-t'il réagir ? L'eau est élément essentiel, source de vie, il y a urgence, il faut réparer ; pourtant dans ce lieu aride et dur, les vielles aigreurs vont ressortir, on refuse à porter son aide, on renvoie la responsabilité à l'état, on doute de la sincérité du maître. Deux personnages importants vont se mobiliser, le maître d'école, celui qui porte les valeurs d'une société éclairée, respectueuse des libertés de chacun et du bien commun et qui tient à l'éducation du peuple par les actes ; la mère qui remue les consciences, qui bouscule les habitudes pour que tous participent à un projet collectif, pour que chacun travaille à l'édifice commun pour le bien-être de tous ; une séquence-clé, celle du partage de l'omelette (scène biblique), chacun apportant sa pierre (le pain) et récolte une part du gâteau collectif (l'omelette). Excellent film pédagogique joué certes par des acteurs professionnels mais surtout avec beaucoup d'intelligence par les villageois eux-mêmes.