Avis - Sibérie, Monamour

Quel privilège que de voir ce film en avant-première le 17 avril 2011 à Univerciné russe Nantes ! Après ça, on trouve le courage d'affronter n'importe quoi. Les cinéastes russes habitués à contourner la censure depuis des siècles déploient des trésors pour communiquer leurs maux. Celui-ci, virtuose de la caméra, de la mise en scène, du son, est prometteur. On peut déplorer la lenteur à se dévider, le fait que ça frôle le conte pour la jeunesse (l'enfant qui incarne la pureté, les chiens, le puits symbolique du trou actuel d'un avenir toujours plus anxiogène). Mais il y a, à la différence des grosses productions étasuniennes, une rudesse bon enfant, une morale universelle (cette volonté de faire des plus durs des êtres qui s'amendent, des femmes prises pour des marchandises, de redoutables égales). On sort le fusil, mais on négocie, on sauve si on peut... Respect et totale complicité avec tous les spectateurs (salle pleine et silence religieux au Katorza). Y plane cette ironie toujours à bonne distance qui fait du bien. Vivement la sortie officielle et le DVD !